Quand on conjugue un verbe TI, on ajoute généralement au radical de base TI une flexion spéciale, appelée suffixe thématiqueLes suffixes thématiques sont des flexions particulières qu’on retrouve dans la conjugaison des verbes transitifs, donc des verbes TI et TA. en linguistique algonquienne.

Les terminaisons de personne et de temps se rajoutent après le suffixe thématique. La structure d’un verbe TI conjugué à l’indépendant (où il peut prendre des préfixes de personne) est la suivante :

préfixe de personne + radical TI + suffixe thématique + terminaisons de personne et de temps

Note : Les préfixes personnels ne sont utilisés qu’à l’indépendant pour les premières et deuxièmes personnes.

Exemples de formations de verbes TI :

ni + tshitapat + e + nan = nitshitapatenan nous regardons qqch (Indépendant)
  tshitapat + am + u + at = tshitapatamuat ils regardent qqch (Indépendant)
  tshitapat + am + an = tshitapataman si je regarde qqch (Conjonctif)
  tshitapat + a + k = tshitapatak s’il regarde qqch (Conjonctif)
  tshitapat + a = tshitapata! regarde cela! (Impératif)

Les suffixes thématiques des verbes TI sont les suivants, à l’ordre indépendant :

am 3e personne de l’indépendant,
  1res et 2es personnes et 4e personne (obviatif) du conjonctif,
  2e personne du pluriel de l’impératif indicatif présent,
  2es personnes de l’impératif indicatif futur.
e 1res et 2es personnes de l’indépendant,
  1re personne du pluriel de l’impératif indicatif présent (21)Dans le dialecte de l’est, on utilise aussi concurremment le thème -am-, pour cette personne de l’impératif indicatif présent : [natu:tǝmutaw] ~ [natu:te:taw] écoutons!. Seule la terminaison ancienne en -etau a été retenue dans l’orthographe innue..
a 3e personne (non obviative) du conjonctif,
  2e personne du singulier de l’impératifDans les dialecte de l’ouest, la voyelle thématique de cet impératif (2s) est souvent remplacée par un ton bas (ex. : [t∫i:ta:pà:t] regarde!. De plus, toujours dans ce dialecte, après un radical se terminant par -sh ou -shk, c’est plutôt la voyelle e qui est prononcée : [a:pa;∫e:] fais dégeler qqch!, [pu∫tǝ∫ke:] revêt qqch!,
  2es personnes de l’impératif indirect.

Toutefois, les suffixes thématiques -e- et -a- ne sont pas ajoutés aux radicaux TI en ai ou en ei, en raison, probablement, de l’évolution phonétique historiqueHISTORIQUE : -ahamu > -aj; -ehamu > -ej. De plus, /aj/ et /ej/ sont prononcés [i] dans les dialectes de l’ouest. Donc, en innu moderne, les voyelles thématiques TI s’effacent Après les radicaux se terminant par les finales instrumentales -ai- et -ei-, signifiant d’un coup, avec un objet, un instrument, la voyelle thématique -e- n’est prononcée qu’à Pessamit : [nt∫ǝpje:n]; ailleurs on ne la prononce pas : [nt∫ǝpa:jn].après les finales ai et ei du radical : 

Exemples :

ni + tashkai + e + nan = nitashkainan nous fendons qqch
apu tashkai + a + k = apu tashkaik il ne fend pas qqch
tashkai + a = tashkai! fend qqch
tashkai + e + tau = tashkaitau! fendons qqch
tashkai + am + u = tashkaimu il fend qqch

Le thème TI -am- devient -m- après un radical en ai ou en ei : tashkaimu il fend qqch, apu tashkaiman je ne fends pas qqch.